Avons-nous besoin d’un plan ? Un retour sur le Plan de transformation de l’économie française du Shift Project

Alors que le GIEC publie son 6ème rapport d’analyse sur le changement climatique [1], le think tank The Shift Project a mené un extraordinaire travail d’étude sur ce qu’ils appellent le « plan de transformation de l’économie française » (PTEF).

L’objectif est celui de décarboner la société française dans son ensemble et de réduire la dépendance aux énergies fossiles. En somme, il s’agit d’un projet programmatique pour être à la hauteur des objectifs fixés dans les Accords de Paris (2015) pour rester bien en-deçà de +2°C et viser +1,5°C par rapport à l’ère pré-industrielle. L’indépendance énergétique a aussi d’autres avantages souvent mis en avant dans le projet, à savoir l’autonomie stratégique de la France dans une situation géopolitique de plus en plus tendue.

Avant de poursuivre, je souhaite souligner que cet article n’a pas vocation de faire une synthèse du PTEF, mais à prendre de la hauteur et commenter les implications concrètes d’un plan d’action qui se veut être ambitieux. Ainsi, je conseille à tout le monde de regarder le sujet via le site web (ilnousfautunplan.fr) ou le livre synthétique édité par Odile Jacob.

De multiples scénarios publiés

Si vous êtes familiers avec les conclusions du rapport du GIEC, vous n’êtes pas sans savoir que l’effort à fournir pour éviter un scénario de planète-étuve peu vivable pour l’humain est très important à ce stade. Nous avons pris un retard considérable dans la lutte contre le changement climatique pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Cela concerne par ailleurs la lutte contre l’effondrement de la biodiversité ou d’autres crises écologiques majeures.

Ainsi, de nombreux organismes de tout type publient depuis des années des scénarios de transition pour atteindre les objectifs, soit fixés par l’Etat, soit recommandés par les scientifiques. Sur la question climatique, la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC) en est un exemple, se basant aussi sur d’autres études et scénarios. Cela vaut également à un échelon local avec les diagnostics et plans d’actions des Plan Climat Air Energie Territorial (PCAET) des collectivités.

Récemment, sur la question énergétique et avec en ligne de mire l’urgence climatique, les instituts RTE [2] et Negawatt [3] ont publié leurs nouveaux rapports sur la transition électrique/énergétique de la France. Sont évoqués les évolutions en matière de production, les adaptations techniques, les moyens financiers et la consommation. En particulier, le scénario Negawatt a établi depuis de nombreuses années un triptyque dans un ordre priorisé : sobriété, efficacité, production d’énergies renouvelables.

Cette proposition est importante, car elle souligne particulièrement le besoin en réduction des besoins à la source et donc des consommations énergétiques associées. Cela passe par de la sobriété, c’est-à-dire une réduction volontaire et organisée des consommations ; et par l’efficacité énergétique, soit des investissements pour rendre moins énergivores des systèmes existants (logements, machines, etc.). La production d’énergie (renouvelable/décarbonée) pour répondre à ces besoins ne vient que dans un troisième temps.

Quid de nos modes de vie ?

En effet, produire de l’énergie utilisable par nos machines est une opération technique très complexe, d’autant plus lorsqu’il s’agit de produire de l’électricité. Si la transition énergétique vise, conformément aux objectifs climatiques, de se passer des énergies fossiles (pétrole, charbon, gaz et dérivés), elle affirme un renforcement de la part des consommations électriques pour nos usages.

Usages. Voilà un mot capital. La production énergétique répond à un besoin très concret qui ne saurait se cantonner à un vecteur énergétique. Il s’agit de chauffer son logement à une certaine température, de transformer des légumes d’une certaine quantité, de conduire un véhicule sur une distance, de produire des vêtements en nombre, etc.

Je dois préciser que les 7 scénarios de RTE (6) et Negawatt sont d’une grande qualité et je conseille de les regarder. C’est un travail colossal que d’établir ce type de scénarios électriques/énergétiques à horizon 2050 en prenant en compte non seulement la simple production, mais les équilibres continentaux, l’usage de métaux, le coût d’investissement et pour le consommateur, les adaptations du réseau et des équipements de stockage, etc.

Toutefois, ce qui m’intéresse ici, ce sont davantage d’autres travaux qui ont été menés récemment avec une approche différente. Il y a quelques années déjà, un rapport du cabinet BL Evolution avait fait réagir dans la presse parce qu’il évoquait des changements d’usages concrets, tout en essayant d’établir un scénario compatible avec une hausse de température terrestre moyenne maximale de +1,5°C [4]. Diminution immédiate de 2°C de la température de chauffe, aucune nouvelle maison individuelle construite, 30m² maximum par personne dans le logement collectif, aucune nouvelle artificialisation du sol dès 2019, etc.

Récemment, les scénarios de l’Ademe [5] et du PTEF ont développé de nouvelles approches. L’agence de la transition écologique a regardé 4 scénarios sous le prisme premier des modes de vie des françaises et des français et de la gouvernance globale. Chacun des scénarios vise à atteindre les objectifs des grands défis écologiques, mais pas de la même manière. Lorsque le S1 « Génération frugale » raconte une société plus sobre en besoins et plus locale, le S4 « Pari réparateur » mise tout sur la technologie, tant pour atténuer les bouleversements en cours, que s’y adapter et maintenir une société de consommation telle que nous la connaissons. A l’inverse du S1, le S2 « Coopérations territoriales » développe davantage les synergies entre les régions ; alors que le S3 « Technologies vertes » compte sur la technologie à venir pour limiter la réduction des usages.

Tableau synthétique des 4 scénarios de l’étude Transitions 2050 de l’Ademe

Cette approche est, selon moi, très intéressante et assez novatrice dans sa dimension riche de l’étude menée par l’Ademe. D’abord, car elle permet bien plus facilement à tout un chacun de se projeter concrètement dans cette transition. Ensuite, parce qu’elle permet davantage de se poser la question « dans quelle société souhaitons-nous vivre et à quoi ressemblerait-elle ? ».

Et c’est là l’essentiel au final ! Aujourd’hui, nous avons besoin de récits communs pour nous projeter dans une société qui soit souhaitable, malgré les bouleversements écologiques provoqués par les humains. Et nous devons bien faire converger les récits et les scénarios de modifications de nos modes de vie avec des analyses macro permettant de suivre une trajectoire réellement ambitieuse ! En effet, trier les déchets, manger un peu plus de légumes locaux et acheter une brosse à dent en bambou est peut-être un récit plaisant car simple, mais il n’est pas à la hauteur du défi climatique et écologique…

Du coup, il nous faut une sorte de plan !

Un plan pour penser et prévoir concrètement le long terme

C’est ce que tente de faire le Shift Project avec le PTEF en analysant physiquement les transitions possibles dans les secteurs de l’énergie, de l’industrie lourde, de l’industrie automobile, du logement, de l’agriculture, de la mobilité quotidienne et longue distance, du fret, mais également de la santé, de la culture, de l’administration publique et des territoires.

Le parti pris est déjà celui de l’analyse physique, car nos dérèglements écologiques ont bien tant des conséquences que des causes physiques. Les émissions de gaz à effet de serre viennent de quelque part, en l’occurrence de nos machines diverses et variées (usine, voiture, lave-vaisselle, etc.).

Le plan de transformation de l’économie française ne se projette pas d’abord sur la question de comment nous souhaiterions vivre, mais regarde ce qu’implique une transition climatique des différents éléments importants de notre société. Par contre, il établit un scénario tel que jamais auparavant envisagé ou travaillé. A l’échelon national, tous les grands facteurs de pollution sont examinés à la loupe. Ce n’est pas chose aisée vu l’ampleur des efforts nécessaires en 2022. La bonne nouvelle à ce stade, c’est que le travail d’un tel plan est fructueux et dessine une trajectoire réaliste à suivre pour relever les défis du siècle.

Citons un exemple concret, celui de la transition du fret. L’essentielle sobriété y est présente, à hauteur d’une diminution de 25% de la demande d’ici 2050. Elle comporte notamment une baisse de 60% des masses et distances parcourues (« tonnes-kilomètres ») des produits agricoles ou encore une augmentation de 20% de la durée de vie des objets. En matière d’efficacité, c’est naturellement le remplissage optimisé qui doit être recherché en priorité. Etant donné que les objectifs de décarbonation du secteur des transports (dont le fret) sont très ambitieux (décarbonation quasi totale à horizon 2050) dans les divers scénarios de neutralité carbone, on ne peut s’arrêter là. Le transport ferroviaire serait multiplié par 2, le transport fluvial par 3 et la cyclologistique généralisée dans les villes pour assurer le « dernier kilomètre » et créer plus de 120 000 emplois. A cela s’ajoute une électrification des autoroutes (via lignes aériennes de contact pour poids lourds) pour diminuer l’usage de grandes batteries et électrifier des parcours où le train ou le fluvial ne sont pas compétitifs. C’est avec ce plan d’action que l’essentiel approvisionnement de nos lieux d’activité s’aligne avec l’urgence climatique.

Et si le fret est un secteur plutôt habituel à analyser, il en est moins du secteur de la culture ou de la santé. Là encore, leurs émissions viennent fortement des transports, avec un enjeu significatif de relocalisations, et du bâtiment, avec les habituels défis énergétiques. Toutefois, le secteur de la santé a particulièrement des marges de manœuvres sur les achats de médicaments et de dispositifs médicaux. Le secteur de la culture ouvre la porte à deux autres postes d’émissions : les décors et le numérique. Le premier doit viser une éco-conception et un cycle de vie bien plus vertueux, tandis que le deuxième doit freiner la course à la surqualité et surconsommation pour limiter les besoins énergétiques et en matière de ressources (data centers, serveurs, etc.). Enfin, ces deux secteurs partagent une mission commune : celle de la pédagogie collective. Pour la santé, il s’agit de porter la prévention et l’approche de santé globale (one health) au plus haut niveau d’attention. Pour la culture, il s’agit aussi de contribuer à la transition en racontant de nouvelles histoires.

Par contre, il est l’heure de souligner les incertitudes fortes et les marges de manœuvre techniques, sociales et financières réduites de l’ensemble des scénarios. Car oui les efforts à engager sont d’une ampleur colossale et nécessitant notre pleine mobilisation.

Un plan … B ?

Pour prendre quelques exemples concrets du PTEF sur les incertitudes fortes, prenons déjà le secteur de l’énergie. Dans le livre associé aux travaux, le plan énergétique contient un « reste à arbitrer » important sur la production électrique de l’ordre de 200 TWh par an, à l’inverse des scénarios de RTE ou Negawatt. En somme, soit on questionne les besoins liés à cette production projetée et on augmente la partie « sobriété » d’autant (simili S1 Ademe), sachant que le PTEF se positionne dans la moyenne par rapport aux autres scénarios ; soit on développe davantage les énergies renouvelables, sachant que le Shift Project développe du nouveau nucléaire pour rester à environ 50% de part de la production, mais sans arbitrer de développement important des énergies renouvelables électriques (proposition de trois tiers entre éolien terrestre, éolien offshore et photovoltaïque). Aussi, les rénovations visées de logements à un niveau minimal BBC (bâtiment basse consommation) se heurtent aujourd’hui à la capacité de faire et de financer des acteurs.

Un autre exemple d’incertitude physique est celle dans la transition de l’industrie. 40% des efforts projetés à horizon 2050 pour décarboner le secteur de l’industrie proviennent de ruptures technologiques dans les secteurs concernés. Si on peut aisément imaginer des avancées technologiques non négligeables dans les trois prochaines décennies, cela n’en reste pas moins une incertitude forte vu la part des efforts liés à ces innovations.

Enfin, le Shift Project considère que les estimations de la SNBC sur les puits de carbone sont trop optimistes vu les impacts du changement climatique sur les espaces naturels captant du CO2. De nombreux débats existent effectivement sur la question, alors que les fortes chaleurs, périodes de fortes pluies ou encore sécheresses hivernales menacent les puits de carbone actuels. Ainsi, vu les hypothèses prises, le PTEF n’arrive pas à une neutralité climatique d’ici 2050.

On voit toutefois dans l’ensemble que — physiquement — un plan relativement réaliste peut être dressé et donner bon espoir pour l’avenir. Mais est-il réalisable ? On n’en sait pas plus sur la capacité des citoyennes et citoyens de suivre et d’accepter un tel plan. Nous ne savons pas non plus si les outils financiers des pouvoirs publics et des organisations privées sont adaptés et suffisants pour engager ce plan à horizon 2050. Ceci dit, c’était un parti pris de laisser les questions financières de côté dans un premier temps pour se concentrer sur la matérialité de la transition.

Car si la transition n’est pas matériellement possible, sans trop grand changement de modes de vie, alors la question financière ne se pose pas en premier. Ce sera bien la question sociale qui sera(it) au centre quant aux changements de modes de vie, dont la sobriété associée.

C’est là où l’approche par les usages doit se confondre avec une vision de la société dans son ensemble et des valeurs qu’elle porte. Il y a la question des récits de la transition, mais également des métaphores de la société cible. Le Shift Project compte y contribuer via divers projets (onglet « En récit » du site ilnousfautunplan.fr), mais l’ensemble des artistes et des personnes publiques doivent identifier ce sujet et, selon moi, accélérer la mise en récit (en sortant des caricatures récurrentes du scénario post-apocalyptique).

L’approche par la « société cible » permet également de répondre à d’autres ingrédients essentiels d’une société heureuse et convergente. Comment réduire significativement les inégalités sociales en France ? Comment favoriser la cohésion sociale et lutter contre les discriminations raciales ou de genre ? Quel niveau de vie en France vis-à-vis des autres pays sur Terre ? Quelle importance de la solidarité internationale dans nos valeurs ?

Résilience-s

Le plan c’est la recette. Le récit de société, c’est la photo alléchante du plat qui rassemble tout le monde. Face aux incertitudes de la disponibilité des ingrédients, nous avons besoin d’un filet de sécurité sociale.

Il nous faut donc un plan d’action de la résilience ! J’ai déjà pu réfléchir à la résilience du territoire lyonnais, mais là il s’agit de la résilience de chaque région de France et du rôle que les territoires peuvent avoir. Le changement climatique va exacerber les tensions matérielles, géopolitiques, sociales, économiques. Ces tensions risquent de donner du poids aux aléas possibles dans notre plan, c’est pourquoi nous avons aussi besoin d’agir sous le prisme de notre propre résilience.

Nous l’avons vu en 2020-2022 avec les ruptures d’approvisionnement et/ou hausses des tarifs, la dépendance à des régions lointaines en matière de principes actifs pour les médicaments, ou encore notre dépendance en matière de pétrole ou de gaz sont des faiblesses pouvant impacter toute une société. La volonté d’une certaine relocalisation industrielle stratégique va aussi dans le sens d’une résilience améliorée.

D’ailleurs, le PTEF a également identifié le sujet de la résilience comme un sujet majeur des prochaines décennies. Pour chaque secteur, on y retrouve des indicateurs emploi et résilience. La pleine activité comme cohésion sociale. La résilience comme assurance tous risques.

Si on s’arrête un instant sur l’emploi, non mentionné jusqu’alors, il est important de noter que la question n’est pas uniquement économique. Si le plan indique une évolution possible de 800 000 destructions d’emplois pour 1,1 million de créations d’emplois dans les secteurs évalués, la pleine activité (marchande ou non marchande) est aussi un facteur important d’une société. Naturellement, l’emploi ne doit pas être traité comme seul indicateur physique, mais doit permettre des discussions sur les équilibres entre les métiers, la rémunération, la pénibilité, les jours de repos, la gouvernance, etc.

Voilà donc un des éléments à prendre en compte lorsqu’on bâti un plan sous le prisme de la résilience collective. Un autre est celui de l’adaptation au changement climatique. Cela concerne en particulier les évènements climatiques extrêmes qui peuvent engendrer des ruptures d’approvisionnement en eau ou nourriture, des inondations ou glissements dévastateurs, des impacts sanitaires liés à de fortes chaleurs, etc. Si le GIEC a raison d’alerter sur des solutions de « mal-adaptation », il est essentiel que nos investissements collectifs permettent d’augmenter notre capacité d’adaptation vis-à-vis d’évènements non prévus.

Etre à la hauteur

Oui, il nous faut un plan ! Un plan complet et systémique qui regarde dans son ensemble les enjeux sociaux, sociétaux, économiques et environnementaux et trace une route. Peut-être même qu’il pourrait y avoir des variantes de plan, selon des choix ou des orientations différentes sur tel ou tel aspect.

On a besoin de cette trajectoire physique établie et consolidée pour pouvoir avancer. On a aussi besoin de récits collectifs qui soient sous toutes les formes artistiques imaginables, afin que nous puissions collectivement nous rassembler autour d’un avenir commun. Pour cela, chacun doit s’emparer des arts et contribuer à sa façon à la mise en récit de la société-cible pendant que études, scénarios et le plan tracent des trajectoires techniques.

On a vu que la complexité du sujet climatique est très importante, cela vaut également pour tous les défis écologiques et cela vaut certainement pour l’organisation de notre société mondiale actuellement. C’est pourquoi le plan que nous traçons doit s’inscrire dans une démarche planétaire, car les GES, la biodiversité, l’eau potable, les métaux, le sable, ce sont des enjeux globaux !

Chaque pays a son histoire, son parcours, sa culture et ses valeurs, mais le défi est aussi de faire converger les populations de ce monde. Le PTEF dans sa version actuelle (et cela vaut pour la plupart des scénarios de transition) se place à l’échelon national. Mais dans un pays riche et désindustrialisé, ancienne puissance coloniale par ailleurs, les frontières nationales ne sont assurément pas le bon cadre pour tous les sujets. D’abord parce que l’organisation de la France s’inscrit dans une démarche européenne. Ensuite, parce que la France est un des pays les plus riches et les plus puissants de la Terre, le pouvoir d’achat des françaises et français faisant partie des plus importants du globe [6]. Aussi, beaucoup des produits que nous avons chez nous ne sont pas fabriqués ou assemblés localement et ce sont donc des activités, des conditions de travail et des pollutions qui sont gérés ailleurs.

Il est indispensable d’avoir cette vision planétaire ! D’abord parce que nous sommes tous liés à partir du moment où les grands enjeux dépassent les frontières. Ensuite, parce que je pense qu’on ne peut pas passer outre le sujet de la solidarité internationale. Rien que sur la question climatique, les populations déjà les plus touchées (qui plus est dans les années à venir) ne sont pas celles responsables de la majeure partie du dérèglement. La grande accélération de la Terre mondialisée a créé des conditions adaptées à ce système prédateur et débridé. Il faut donc plusieurs grandes conférences sur la solidarité internationale pour traiter des questions d’adaptation, de migrations, d’industrie et de tourisme, d’inégalités, etc. En somme, réadapter aussi le fonctionnement planétaire pour le faire correspondre au plan.

Par ailleurs, je suis assez persuadé que notre transition doit être inspirante. Non pas seulement dans la sémantique « enthousiasmante » du terme, mais réellement inspirante. Cela veut dire que la transition planifiée doit se donner comme objectif de permettre un mimétisme d’autres régions/pays/unions. Adapté certes, mais inspiré malgré tout. Ainsi, il est important qu’en parallèle de nos valeurs réaffirmées de solidarité, cette transition puisse passer physiquement à l’échelle. Faute de quoi, elle risque de ne pas suffisamment entrainer l’action auprès des décideurs et des populations.

On a vu à quel point des aléas imprévisibles peuvent venir impacter le plan global. Ces incertitudes à horizon 2050 sont normales, elles doivent toutefois être traitées avec sérieux, sans faire l’autruche. Cela vaut également pour les potentiels effets rebonds des politiques publiques mises en place — toujours observés, rarement anticipés. C’est pour cela que nous avons besoin d’une stratégie d’adaptation et de résilience qui nous sécurise dans notre parcours collectif. Les besoins de base et les systèmes d’approvisionnement associés doivent être analysés et consolidés sous le prisme de la rupture probable face à un choc et donc de la résilience du système en question.

Le filet de sécurité étant tendu, occupons-nous de nos esprits. Ce plan que nous construisons sera un travail extraordinaire. Le prisme de la résilience sera naturellement bien pensé et le plus rassurant possible. Mais soyons honnêtes avec nous-mêmes, un suivi à la lettre d’un plan écrit des années en avance, cela relève d’un idéal. Ceci sans même parler des alternances politiques qui pourraient ne plus partager les orientations du plan. Ainsi, il nous faut un autre filet de sécurité émotionnel et intellectuel !

Face à cette transition ambitieuse nécessitant des efforts importants,
Face aux aléas possibles et probables,
Fixons collectivement un ensemble d’orientations cadre et de valeurs pour ne pas perdre notre boussole.

C’est en fixant ces points cardinaux que nous permettrons à la société dans son ensemble de garder le cap sans remise en cause du plan d’ensemble à chaque remise en cause d’un objectif sectorisé ou à chaque revers technique. C’est une opération de soudure sociétale que de rassembler tout le monde autour de cette mission.

Chacune et chacun a un rôle à jouer et doit pouvoir trouver sa place. Laisser des personnes sur le carreau n’est pas envisageable. Cela ne l’est pas si l’on partage des valeurs d’équité et de solidarité, cela ne l’est pas non plus car un clivage crée une faiblesse. Cette faiblesse pourrait se matérialiser sous différentes formes, notamment d’expression démocratique fortement divergente, construite en opposition frontale.

Alors rassemblons nos esprits, convergeons ! Il nous faut continuer le travail sur le plan de transformation de l’économie française et creuser les actions de résilience. D’une manière générale, on a besoin de plus d’études précises dessinant des prospectives ambitieuses et visant réellement l’atteinte des objectifs. Les résultats ne sont pas là pour plaire ou déplaire, les décideurs doivent sortir de cette logique et enfin fournir à la société des plans d’actions à la hauteur et réalisables.

Alors continuons le travail pour un plan collectif et fixons ensemble ces valeurs qui nous guident et sécurisent. L’objectif ne peut être que celui de rassembler tous les écologistes, indépendamment des divergences existantes. Et oui, car cet enjeu est immense et universel, cela concerne tous les français.


Sources:
[1] https://www.ipcc.ch/report/sixth-assessment-report-cycle/
[2] https://www.rte-france.com/analyses-tendances-et-prospectives/bilan-previsionnel-2050-futurs-energetiques
[3] https://negawatt.org/Scenario-negaWatt-2022
[4] https://www.bl-evolution.com/wp-content/uploads/2021/11/Infographie-15%C2%B0C.pdf
[5] https://transitions2050.ademe.fr/
[6] https://planificateur.a-contresens.net/classement_par_pays/indice_big_mac.html ; https://www.latribune.fr/opinions/tribunes/gilets-jaunes-la-majorite-des-francais-fait-partie-des-10-les-plus-riches-au-monde-822198.html

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