Le printemps de la logistique fluviale

En ce premier weekend de Juillet 2022 s’est tenu pour la première fois le nouveau festival entre Rhône et Saône. Sous un soleil particulièrement intense, petits et grands ont pu découvrir de multiples animations, sportives ou musicales, balades ou spectacles, ateliers ou jeux. Ce festival a pour vocation de mettre en avant l’importance historique et contemporaine de nos deux cours d’eau : le Rhône et la Saône.

Cet évènement s’inscrit pleinement dans notre volonté d’accentuer le lien entre les lyonnaises et lyonnais et l’eau qui traverse notre ville. Ce lien est essentiel car il est d’abord historique. Le développement de Lyon s’est fait autour du Rhône et de la Saône avec de nombreuses activités artisanales et économiques associées. Il est aussi climatique du fait de cette connexion directe entre la ville et les évolutions écologiques et biologiques dans les montagnes et les océans. Il est enfin pratique car l’enjeu est de retrouver des activités économiques, autres que touristiques, sur les fleuves.

Un nouveau démarrage pour la logistique urbaine fluviale

Nous souhaitions ainsi retrouver une activité, en particulier logistique, sur le Rhône ou la Saône, c’est-à-dire approvisionner des entreprises, des commerces ou des particuliers via le fleuve. Son avantage est de permettre de massifier le transport des marchandises en s’approchant au plus près de la destination finale, ce qui est impossible et/ou peu souhaitable par le mode routier dans un espace urbain dense. Cela contribue à forger une ville moderne adaptée aux enjeux du XXIème siècle, dont tout le monde pourra être fier.

C’est pourquoi nous avons travaillé dès le début du mandat avec les partenaires concernés: la Métropole de Lyon, Voies Navigables de France (VNF) et la Compagnie Nationale du Rhône (CNR). Le premier objectif était d’envoyer des signaux clairs au monde économique, parmi lesquels les transporteurs, les logisticiens, les chargeurs. Lyon souhaite utiliser ses fleuves !

Barge initiale avec différents types de marchandises

La sélection de ULS

Deux appels à projets ont ainsi été lancés sur trois quais le long du Rhône et un espace sur le Port de Lyon Edouard Herriot (PLEH) pour permettre à un ou plusieurs opérateurs de bénéficier d’un espace de massification au port, ainsi que d’un quai de déchargement en centre-ville. C’est la société Urban Logistic Solutions (ULS) qui a été sélectionnée de par sa maturité industrielle et son opérationnalité rapide pour s’installer au PLEH et sous le pont Morand.

L’arrivée à Lyon de l’entreprise ULS s’est concrétisée au printemps 2022 avec l’aménagement d’un entrepôt provisoire au port, l’arrivée du bateau pousseur et de la barge, ainsi que de deux grues portuaires 100% électriques et sept vélos électriques avec remorques.

Le principe est le suivant :

  • Massification des marchandises au Port de Lyon acheminés par la route
  • Chargement de la barge
  • Transport du PLEH au Pont Morand (1er)
  • Déchargement des marchandises et distribution auprès des entreprises, commerces ou particuliers en vélos avec remorques
  • Récupération de consignes et/ou déchets pour trajet retour (reverse logistics)

Nous avons pu inaugurer ce service avec l’ensemble des partenaires le 29 Juin 2022, en présence du Maire de Lyon, Grégory Doucet, du Président de la Métropole de Lyon, Bruno Bernard, du Directeur Général de VNF, Thierry Guimbaud, de la Présidente du directoire de la CNR, Laurence Borie-Bancel, et du Président de ULS, Thomas Castan.

Chargement des caisses sur la barge

Ainsi, une première livraison d’un commerce a pu être effectuée par la société. Il s’agissait en l’occurrence de fûts de bière et autres caisses de boissons à destination d’un bar sur la place des Terreaux. Une solution plus flexible et qui permettra d’éviter de l’ordre de 150 camionnettes circulant en centre-ville.

Mon objectif en matière de logistique urbaine est simple : nous devons mettre en place des solutions industrielles qui ont la capacité de réellement transformer l’approvisionnement de la ville et de passer à l’échelle des volumes urbains, au fur et à mesure. Réduire les camions en ville, ce sont des polluants en moins, des émissions CO2 en moins (-92% d’après ULS), de l’insécurité routière en moins, de la congestion en moins. C’est aussi donner plus de visibilité et de meilleures conditions sociales pour la logistique urbaine, invisible et pourtant essentielle pour une grande ville.

D’autres initiatives à venir

La logistique nécessaire à une ville est loin d’être cantonnée aux seules livraisons de marchandises ou de colis. C’est aussi tout le secteur des déchets qui est concerné, c’est-à-dire le trajet inverse des marchandises, en direction de la sortie de la ville.

C’est ainsi que démarre cet été aussi, à l’initiative de VNF, la collecte de déchets par voie fluviale des paquebots touristiques et des péniches d’habitation. Là aussi, l’objectif est de réduire les nuisances et de réduire les conflits dans l’espace public entre usagers et services de collecte sur les berges du Rhône. Ce service sera opéré par Suez, à l’instar de la déchetterie fluviale de la Métropole de Lyon (Quai Fulchiron) avec le bateau Zulu de la société BLL, filiale du groupe Sogestran.

Autre initiative, celle d’une première brique d’un lien fluvial, que j’espère pérenne, entre le Port fluvial de Villefranche-sur-Saône et le centre de Lyon. Le transporteur BFT Transports s’est associé à Becycle et Urby pour livrer des caisses de vin en centre-ville et du matériel de construction au chantier de notre Hôtel de Logistique Urbain (HLU), en cours de construction au Port de Lyon. L’objectif doit être de construire un lien pérenne entre Villefranche et Lyon, étant donné le nombre d’entreprises du Beaujolais qui commercent à Lyon. Aussi, la livraison de vin par bateau est une évidence pour la capitale de la gastronomie…

C’est pour développer le tout que nos collectivités planifient d’ores et déjà l’usage des quais de la Saône et du Rhône pour installer durablement une logistique urbaine fluviale vertueuse. Certains quais pourront, à l’instar du pont Morand, être dédiés à des activités logistiques. Cela pourra être le cas dans le cadre du projet de requalification de la rive droite du Rhône, mais il nous faudra assurément en identifier aussi côté Saône. D’autres quais devront être traités comme des quais publics avec des usages mixtes : logistiques le matin, récréatifs le restant de la journée.

Une ville à la pointe de la transition

Dans un premier temps, les activités fluviales d’ULS devraient transporter près de 10 000 tonnes à l’année. Ce sont des milliers de camionnettes en moins à Lyon et autant de pollution en moins. Dans un second temps, avec davantage de marchandises, une barge plus longue, voire davantage de rotations, on peut viser près de 40 000 tonnes transportées par an par bateau et vélo en centre-ville.

Voilà une perspective radieuse pour la ville de Lyon. L’essor de la logistique fluviale et de la cyclo-logistique transformera la ville. D’ici quelques années, nous pouvons déjà imaginer siroter en terrasse un verre livré par bateau+vélo, acheter un pain de campagne dont la farine aura été livrée à vélo ou encore observer tous les jours un chantier de construction approvisionné en partie par bateau.

Au boulot !

%d blogueurs aiment cette page :