
Les mobilisations climat du 15 et 16 Mars sont historiques. Une grève mondiale des jeunes et scientifiques avec plus de 1.4 millions de mobilisés dans le Monde1 et une « Marche du Siècle » avec 350 000 personnes2 en France pour demander au gouvernement d’augmenter les ambitions et mener un changement de structure et de système. Des mobilisations d’une importance capitale ; et on peut avoir hâte de voir tous ces jeunes obtenir le droit de vote et l’utiliser pour voter pour les plus « ambitieux » et « cohérents » des écologistes politiques.
Toutefois, en se remémorant l’interview de démission et aveu d’échec de Nicolas Hulot, Ministre d’Etat (!), Ministre de la Transition Ecologique et Solidaire, ou Svenja Schulze, son pendant allemand, ou d’autres, on remarque qu’ils se heurtent en permanence aux objectifs d’autres ministres (Transport, Agriculture, Economie etc), au cap du Chef d’Etat et aux lobbys industriels. Tout en connaissant et souhaitant suivre les préconisations du rapport SR15 2018 du GIEC3, leurs mains semblent liées. Ils ne peuvent pas agir à la hauteur des enjeux, car c’est bien un changement radical et systémique qu’il faut enclencher. Et cette confrontation avec la lenteur et force des rouages en place s’agrandit à l’échelle Européenne ou Internationale, où on dépend des choix politiques démocratiques – ou non – d’autres pays.
Etant donné qu’on ne peut pas attendre des gouvernements cohérents et écolo partout, il faut bien se rendre à l’évidence que ça passera par une pression citoyenne maximale et de la désobéissance civile non violente.
Il faut partir du niveau local (Bottom-Up), créer le plus grand lobby de la Planète, consommer différemment, boycotter certaines entreprises aussi, discuter avec tous, inclure tous les acteurs et responsables, créer des résiliences locales, augmenter la pression, exiger de la COHERENCE et de l’AMBITION. Rappelons-nous, aucune entreprise produit et émet en soi. Au bout de la chaîne – qui peut être longue – il y a certains d’entre nous qui achetons, consommons. Un changement de comportement peut massivement accélérer la transition, au-delà de nos efforts individuels à la maison.
Notre impact, même avec un secteur de l’Industrie qui est responsable pour 20% des émissions4, peut être énorme. Mais il faut accompagner aussi, avec chaque boycott ou changement de consommation. La mobilisation des Gilets Jaunes nous a montré que des actions fortes sans accompagnement fort ne peuvent être valides. Levons des fonds pour créer des emplois dans l’agroécologie ou autres suivre des formations vers des métiers à fort impact écologique. Soyons créatifs aussi sur les financements de projets d’actions ou d’accompagnements. Selon les politiques locales, les moyens devront être trouvés de différentes manières et ne seront le fruit d’aides publiques.
Selon les experts du GIEC, il nous reste 10 ans pour agir pour limiter le réchauffement planétaire à 1.5°C. C’est déjà un scénario avec un nombre important de conséquences sur la vie humaine. C’est pour cela qu’il faut agir sur de multiples fronts. Il nous faut un réel effort de guerre pour réussir cette transition dans les temps. En parallèle de cela, commençons à co-construire le monde de demain. A l’échelle locale, augmentons les résiliences alimentaires, énergétiques, économiques, sanitaires, environnementales, sécuritaires et démocratiques. Revenir au local n’est pas un repli sur soi, c’est créer des résiliences fortes pour encaisser les chocs à venir et retrouver un équilibre durable entre mondialisation destructrice et vie locale pré-thermo-industrielle. Entrons en résistance !
1 https://350.org/press-release/1-4-million-students-across-the-globe-demand-climate-action/
2 https://www.lemonde.fr/climat/article/2019/03/16/marche-pour-le-climat-des-centaines-de-milliers-de-manifestants-partout-en-france_5437162_1652612.html
3 https://www.ipcc.ch/sr15/
4 https://whatsyourimpact.org/greenhouse-gases/carbon-dioxide-emissions